Nuits Carrées au Fort Carré d'Antibes

 

A l’heure où la situation économique fait que les budgets de « communication » sont les premiers à être amputés dans bon nombre d’entreprises, les partenariats privés restent pourtant essentiels au bon fonctionnement de la plupart des manifestations culturelles. On l’oublie trop souvent, mais sans eux, c’est simple : pas de festival. Entretien avec Sébastien Hamard, directeur artistique des Nuits Carrées, événement programmé chaque année, fin juin, à Antibes.

 

Pouvez-vous nous dresser un bref historique du festival ?

Le festival des Nuits Carrées a vu le jour en 2007 à l’initiative de Label Note. Créée 2 ans plus tôt, l’association avait pour premier objectif d’accompagner le développement de formations dans le domaine des musiques actuelles. A partir de 2007, elle s’est consacrée pleinement à la production du festival des Nuits Carrées. L’idée de départ était de réinvestir l’amphithéâtre du Fort Carré à Antibes, lieu inexploité à l’époque, et d’y redonner vie en créant un événement populaire et accessible.

Quelles sont les couleurs et l’esprit du festival ?

L’esprit du festival, c’est avant tout un lieu historique : l’amphithéâtre du Fort Carré, situé en bord de mer, véritable partie intégrante de l’événement. C’est un endroit « brut », chose qui fait toute sa beauté, mais d’où découle une exploitation difficile. Il est inexploité en dehors des Nuits Carrées, et représente le principal élément identitaire du festival. Mais les Nuits Carrées, c’est également une programmation artistique axée autour des musiques actuelles, et concoctée avec la volonté de favoriser la découverte sous toutes ses formes. Avec 8h de musique live par soir, on retrouve des formations de niche, pointues mais accessibles à tous. Depuis la première édition, nous attirons un public familial, de 7 à 77 ans, en travaillant sur une programmation adaptée, et en maintenant une politique tarifaire attractive qui permet l’accès au plus grand nombre (10 euros la soirée, 15 euros les 2 soirs). L’année dernière, nous avons accueillis pas moins de 6 000 personnes sur site, contre 1 800 en 2007.

 

« L’année dernière, nous avons accueillis pas moins de 6 000 personnes sur site, contre 1 800 en 2007. »

 

L’Eco-responsabilité est-elle une donnée importante à vos yeux ?

C’est quelque chose que l’on a mis en place dès la première année. Le fait d’exploiter un lieu historique, aussi riche et préservé, nous a amenés à mettre en place un certain nombre de dispositifs pour préserver le site, lesquels ont évolué au cours des années. En 2007, nous étions les premiers à mettre en place autant d’éléments éco-responsables dans un événement culturel. Aujourd’hui, nous utilisons notamment des toilettes sèches, des gobelets consignés, le tri, une scénographie créée à partir d’éléments de récupération. Nous imprimons nos éléments de communication sur papier recyclé, etc.

On sent un fort investissement dans votre identité visuelle ?

Là encore, nous y avons accordé une grande importance dès la première année. Nous avons voulu marquer les esprits pour installer l’événement dans un lieu encore inexploité qui n’était absolument pas identifié par le public. Nous avons donc fait appel à l’artiste marseillais Tabas qui élabore la communication visuelle de l’événement depuis sa création. Il y a une vraie volonté de conserver cette identité graphique pour se démarquer de ce qui se fait sur le territoire.

Quelles sont les différentes étapes relatives à l’organisation d’un tel événement ?

Composée d’un salarié et d’une équipe de bénévoles, l’association Label Note travaille à l’année sur chaque édition. C’est une charge de travail assez importante étant donné les difficultés d’exploitation du lieu, sans eau ni électricité notamment. C’est un gros boulot qui s’articule en 4 phases, de septembre à juin. En premier lieu, il y a la phase administrative et l’élaboration d’un budget de fonctionnement, la création des dossiers de financements et de subventions, la recherche des différents partenaires. Vient ensuite la phase de programmation, en fin d’année, à partir du mois de décembre, avant celle du lancement de tous les éléments de communication qui viendront présenter le contenu du festival. Arrive alors le dernier trimestre et la phase de production pure, avec tous les détails logistiques, techniques, et artistiques.

 

« Une semaine de montage est nécessaire avec une équipe de 120 personnes. »

 

Quelles sont les principales difficultés d’exploitation du site, en termes de logistique ?

Le lieu étant complètement nu, il faut déployer des efforts considérables. Une semaine de montage est nécessaire avec une équipe de 120 personnes, pour 2 jours de festival. En matière de logistique, nous avons par exemple besoin d’un semi-remorque d’électricité et d’un camion citerne d’eau pour la semaine. A cela s’ajoute un montage technique énorme vu l’étendue du site ; étendue qui participe au charme de l’événement puisque l’on peut déambuler et se balader comme sur tout bon site de festival qui se respecte.

Quel est votre budget global de fonctionnement ?

Aujourd’hui, nous sommes sur un budget de 150 000 euros. Compte tenu de ce qu’est devenu l’événement, c’est très faible. Nous travaillons avec beaucoup de « bouts de ficelle ». On fonctionne avec ce budget-là, mais il n’est pas tellement représentatif de la valeur de la manifestation. Si le festival était produit dans des conditions optimales de travail, nous serions plus sur un chiffre compris entre 200 000 et 250 000 euros. Pour vraiment faire évoluer le confort de travail, qui reste très compliqué, il nous manque entre 50 000 et 75 000 euros.

A combien se chiffrent les subventions publiques dont vous bénéficiez ?

Notre financement global est réparti comme suit : 40% de financements publics, 30% de financements privés, et 30% d’autofinancements.

Peut-on dire que le festival est viable, économiquement parlant ?

Oui, il est viable parce qu’il a trouvé un schéma économique qui lui est propre. Ceci implique néanmoins d’énormes économies sur l’ensemble de la production. Il est évident qu’avec des tarifs d’entrées fixés à 10 euros pour un soir, et à 15 euros pour les 2, les recettes de la billetterie ne sont pas gigantesques… Mais nous avons trouvé un « rythme de croisière », en ne tombant pas dans une programmation artistique financièrement excessive. Malgré la flambée des cachets de certains artistes qui dépassent les 50 000 euros, nous programmons des formations accessibles en termes d’achats de cessions.

 

« A l’heure actuelle, les partenaires privés sont tout bonnement essentiels. »

 

A vos yeux, quelle importance revêtent les différentes formes de partenariats privés dans la bonne tenue d’un tel événement ?

A l’heure actuelle, ils sont tout bonnement essentiels. Nous avons des partenaires privés très importants, mais qui ne sont, hélas, pas suffisants. On se rend compte aujourd’hui qu’il est difficile de compter pleinement sur les collectivités en termes de financements et d’augmentations de subventions. Ce n’est un secret pour personne, nous sommes dans une période noire à ce niveau-là. Les partenaires privés qui nous suivent aujourd’hui se positionnent sur des apports techniques et logistiques considérables, lesquels nous font faire de réelles économies. Même si ce n’est pas du financement direct, cela reste un apport indispensable. Aujourd’hui, nous restons néanmoins à la recherche de partenaires plus financiers.

Qui sont vos partenaires historiques ?

Parmi les entreprises qui nous suivent depuis le départ, nous avons notamment Véolia Eau et Orange qui sont vraiment nos premiers partenaires privés. Véolia Eau nous apporte une participation financière à l’eco-conception développée sur le festival. Orange nous offre un apport technique considérable en termes de télécommunications, notamment avec la mise en place de lignes Internet sur site. Depuis l’année dernière, nous avons également été rejoints par Vinci et la société Campenon Bernard basée à Mandelieu. Là encore, l’apport logistique est conséquent, avec la mise à disposition de bungalows, de barrières de chantiers, et de tout le matériel logistique qui nous permet de monter l’événement et de nous installer sur le site pendant une semaine.

 

« Nous sommes en permanence à la recherche de partenaires financiers. »

 

Que recherchez-vous en termes de partenariats ? De quel genre de soutien avez-vous besoin ?

Comme je le disais plus haut, nous sommes en permanence à la recherche de partenaires financiers. Mais nous sommes bien sûr également à la recherche de partenariats logistiques et de mise à disposition de matériel, comme les véhicules par exemple, puisqu’avec 8h de concerts par soir, nous accueillons énormément d’artistes. Pour l’heure, nous « bricolons » avec les véhicules que l’on peut trouver, mais nous aimerions pouvoir proposer de meilleures prestations aux artistes que l’on accueille. Nous sommes bien évidemment également à la recherche de tout le matériel nécessaire au montage scénographique et logistique de l’événement, de la peinture à la perceuse en passant par le scotch et autres, étant donné que ce genre de consommables est grandement utilisé sur site.

Qu’offrez-vous en contrepartie aux structures qui vous soutiennent ?

Nous avons mis en place un ensemble de packs en fonction de la participation des partenaires. Ils comprennent d’abord la mise à disposition de places pour le festival. Ensuite, l’accueil personnalisé sur site, que ce soit pour leur personnel ou leur clientèle, avec un diner dans notre « village partenaires » qui surplombe l’événement. Et puis bien sûr une visibilité de la structure accrue, à la fois sur l’ensemble de nos supports de communication, lors de la conférence de presse, mais également sur le site en lui-même.
Quels seraient vos principaux arguments pour convaincre une structure de participer à l’aventure Nuits Carrées ?
J’insisterai sur les fondamentaux du festival, c’est-à-dire un lieu à part associé à un esprit populaire, familial, tout public, et à une politique tarifaire attrayante. Je mettrai également en avant l’éco-responsabilité qui rentre de plus en plus dans les politiques d’entreprises, sans oublier une notoriété grandissante qui fait que le festival est désormais devenu une manifestation incontournable dans le paysage événementiel azuréen.

 
 
 
Propos recueillis par Matthieu Bescond
Dossiers de partenariats et de sponsoring disponibles sur demande ;
Virginie Bernad – 06 63 21 70 33 – com@nuitscarrees.com – www.nuitscarrees.com